Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) traverse l’une des crises les plus graves de son histoire. Après le départ de Sekodé Ndeugbayi, figure respectée du parti, c’est au tour de Martin Ziguélé, son président emblématique, de claquer la porte. Cette série de départs traduit l’ampleur des tensions internes qui rongent le MLPC depuis plusieurs mois, alimentant les divisions et jetant le doute sur son avenir politique.
Depuis quelque temps, le MLPC est miné par des conflits internes et une absence de vision unifiée. La confiance des militants envers Martin Ziguélé s’est progressivement érodée, rendant son leadership de plus en plus contesté. Les rumeurs de dissensions ne se limitaient plus aux couloirs du parti, elles étaient désormais relayées dans les médias et confirmées par certaines déclarations officielles. Ce climat délétère a abouti à une scission du MLPC en deux ailes rivales.
Selon plusieurs sources, Ziguélé continuerait à diriger l’une de ces factions, qualifiée d’« anti-présidentielle », tandis que l’autre, désormais plus proche du pouvoir en place, tente de redéfinir son positionnement politique. Cette séparation marque une rupture nette : le MLPC, tel qu’il était connu, n’existe plus sous sa forme historique.
L’ombre du MCU et la recomposition politique
Dans ce contexte, le parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), joue un rôle non négligeable. Martin Ziguélé n’a jamais caché son opposition à l’influence croissante du MCU, qu’il accuse de débaucher activement les membres des partis d’opposition.
Un tournant significatif a eu lieu le 27 décembre 2024, lorsque le Président Faustin-Archange Touadéra a reçu une délégation du MLPC, conduite par Gabriel Jean Edouard Koyambonou, ancien Premier ministre, venue présenter la nouvelle composition du bureau politique intérimaire du parti. Cette rencontre était une tentative de reconstruire le MLPC après les turbulences internes, mais elle a surtout mis en lumière un rapprochement avec le pouvoir en place.
Un autre événement majeur s’est produit le 18 février 2025, lors d’un rassemblement de jeunes militants de plusieurs partis, y compris du MLPC, en soutien à la candidature du président Touadéra pour un nouveau mandat. Cette manifestation a confirmé ce que beaucoup redoutaient : une partie du MLPC s’aligne désormais sur le MCU, ce qui ne fait qu’accentuer la fracture avec l’aile dissidente dirigée par Ziguélé.
Quel avenir pour le MLPC ?
Le départ de figures historiques comme Martin Ziguélé et Sekodé Ndeugbayi plonge le MLPC dans l’incertitude. La scission du parti et la perte de nombreux cadres affaiblissent sa position dans le paysage politique centrafricain. Face à une opposition divisée et à un pouvoir qui consolide son emprise, le MLPC devra rapidement trouver une stratégie de survie.
Reste à savoir si le parti pourra rebondir et retrouver une unité, ou s’il est condamné à devenir une force politique marginale. Une chose est sûre : le MLPC ne sera plus jamais le même.